Chapitre I

Tôt ou tard dans votre vie – en fait, très bientôt, je parie –, vous vous lancerez dans une lecture et vous noterez que, bien souvent, la première phrase d’un livre en dit long sur le genre d’histoire qui va suivre.

Par exemple, lorsqu’un livre commence par cette phrase : « Il était une fois une famille de gentils petits écureuils qui vivaient dans un arbre creux », il y a de fortes chances pour qu’on ait affaire à une bande d’animaux malins, qui parlent et font des farces en tous genres. Lorsqu’il commence par cette phrase : « Emily s’assit et baissa le nez vers les crêpes aux myrtilles que venait de lui servir sa mère, mais elle était trop angoissée à l’idée de ce camp de vacances à Grattecime-les-Pins pour avaler une bouchée », il y a de fortes chances pour qu’on ait affaire à une bande de filles délurées, qui s’amusent comme des petites folles et n’arrêtent pas de pouffer de rire. Et lorsqu’il commence par cette phrase : « Gary huma le cuir de son gant de base-ball flambant neuf, tout en guettant son copain Larry au coin de la rue », il y a de fortes chances pour qu’on ait affaire à une bande de garçons remuants, qui se démènent comme des enragés et décrochent une coupe ou un quelconque trophée. À partir de là, selon que vous aimez les farces en tous genres, les fous rires, les quelconques trophées, vous saurez quel livre choisir et lequel remettre sur l’étagère.

Mais le livre que vous venez d’ouvrir a pour première phrase : « Par la vitre encrassée du train, les orphelins Baudelaire regardaient défiler les troncs de la forêt de Renfermy, noire et lugubre à faire frémir, et se demandaient si leur vie allait enfin prendre un tour meilleur. » Rien qu’à la lire, vous devinez que l’histoire va être bien différente de celle d’Emily, de Gary, ou des gentils écureuils. Et la raison en est simple : la vie des orphelins Baudelaire – Violette, Klaus et la petite Prunille – différé considérablement de la vie de la plupart des gens, ne serait-ce que par la quantité de misères, d’épreuves et de coups du sort qui tendent à s’abattre sur eux. Faire des farces en tous genres ? Ils ne demanderaient pas mieux. Mais ils n’en ont jamais le temps, ils sont trop occupés à éviter le pire. S’amuser comme des petits fous ? Les pauvres, ils n’auraient rien contre ; mais ils ne savent même plus ce que c’est, depuis qu’ils ont perdu père et mère dans un terrible incendie. Et s’ils devaient décrocher un trophée, ce serait la Coupe du monde de la Guigne et du Pétrin. C’est injuste, mais nul n’y peut rien.

Quoi qu’il en soit, maintenant que vous savez quelle va être la première phrase de ce livre – « Par la vitre encrassée du train, les orphelins Baudelaire regardaient défiler les troncs de la forêt de Renfermy, noire et lugubre à faire frémir, et se demandaient si leur vie allait enfin prendre un tour meilleur » –, libre à vous de le refermer si vous n’avez aucune envie de lire une histoire triste à pleurer.

Par la vitre encrassée du train – voilà, cette fois, c’est la première phrase –, les orphelins Baudelaire regardaient défiler les troncs de la forêt de Renfermy, noire et lugubre à faire frémir, et se demandaient si leur vie allait enfin prendre un tour meilleur.

Tout à coup, en crachotant, le haut-parleur annonça que le train approchait de La Falotte-sur-Rabougre – La Falotte où précisément habitait leur nouveau tuteur. Et chacun des enfants, sans mot dire, se demanda comment on pouvait habiter un endroit pareil, aussi gai qu’un fond de placard.

Violette, l’aînée du trio, contemplait depuis un moment ces arbres au tronc si dénudé qu’on aurait dit des tuyaux géants. Inventrice dans l’âme depuis l’âge de quatre ans (donc depuis une dizaine d’années), Violette échafaudait sans trêve dans sa tête les plans de machines compliquées – surtout lorsque ses cheveux étaient noués d’un ruban afin de bien dégager son front. À l’instant même, elle réfléchissait à un engin permettant de grimper aux arbres en tuyau de poêle.

Klaus, son cadet, contemplait depuis un moment le sol de la forêt, tapissé d’une mousse brune et grumeleuse. Lecteur avide depuis l’âge de six ans (c’est-à-dire la moitié de sa vie), Klaus s’efforçait de récapituler tout ce qu’il avait lu sur les mousses et de se remémorer si certaines étaient comestibles.

Quant à Prunille, la benjamine, elle contemplait depuis un moment les nuages gris en suspens au-dessus de la forêt, pareils à une toile de tente détrempée. (À vrai dire, elle était trop petite, et assise beaucoup trop bas, pour contempler autre chose.) Dotée de quatre dents seulement, mais plus tranchantes que celles d’un castor, Prunille n’était guère plus qu’un bébé – un de ces fameux « moins de trente-six mois » dont parlent les étiquettes de jouets – et sa grande passion, dans la vie, c’était mordre. Il lui tardait de découvrir ce qu’elle allait pouvoir se mettre sous la dent à La Falotte-sur-Rabougre.

Mais Violette avait beau rêver d’une invention fabuleuse, Klaus avait beau mijoter une passionnante enquête sur les mousses, Prunille avait beau actionner les mâchoires en guise d’exercice prémordicatoire (mot qui n’existe absolument pas mais absolument nécessaire ici), à voir la forêt de Renfermy, si sombre et si rébarbative, les trois enfants se demandaient s’ils allaient vraiment se plaire là où on les envoyait cette fois.

— Charmante forêt, commenta Mr Poe, puis il toussa dans son mouchoir blanc.

Mr Poe était le banquier en charge des affaires Baudelaire depuis le terrible incendie. En toute honnêteté, je dois dire qu’il ne faisait guère du bon travail. Il avait deux missions essentielles : confier les enfants à un bon tuteur et veiller sur l’immense fortune que leur avaient laissée leurs parents. Gérer les gros sous étant son métier, on peut supposer que Mr Poe s’en acquittait honorablement. Mais pour ce qui est de procurer un nid sûr aux orphelins, chacun de ses choix à ce jour s’était révélé un fiasco, mot qui signifie ici : « échec total plus tragédie, plus coups tordus, plus comte Olaf ». Le comte Olaf, il faut le préciser, était un odieux individu qui ne rêvait que de s’approprier la fortune Baudelaire. Pour ce faire, il était prêt à tout. Par trois fois déjà il avait frôlé le succès, par trois fois les orphelins avaient déjoué ses plans in extremis (autrement dit, quand il était moins une). Et tout ce qu’avait fait Mr Poe jusque-là, c’était de tousser dans son mouchoir.

Pour l’heure, il accompagnait le trio à La Falotte. Il m’en coûte de le dire, mais le comte Olaf risque fort de réapparaître dans ce récit, et Mr Poe risque fort de n’être pas plus efficace que lors des épisodes précédents. Cependant, nous n’en sommes pas là.

— Charmante forêt, répéta Mr Poe, sa quinte de toux passée. J’ai dans l’idée que vous allez vous plaire, ici, les enfants. Je l’espère en tout cas, car à ma banque je viens d’être promu sous-directeur du boursicotage, de sorte que je n’ai plus une minute à moi. Si les choses tournaient mal ici, je n’aurais d’autre solution que de vous envoyer en pension, du moins le temps de vous trouver un nouveau gîte. Aussi, tâchez de bien vous tenir.

— Oui, Mr Poe, promit Violette.

Elle se retint d’ajouter que, jusque-là, ils s’étaient toujours fort bien tenus, et que les choses n’en avaient pas moins tourné mal.

— Au fait, s’avisa Klaus, il s’appelle comment, notre nouveau tuteur ? Vous avez oublié de nous le dire.

Mr Poe tira un petit papier de sa poche et le lorgna longuement.

— Il s’appelle… Voyons… Mr Wuz, euh, Mr Qui… Je… Ce nom est imprononçable. Beaucoup trop long, trop compliqué.

— Je peux regarder ? demanda Klaus. Pour essayer de voir comment ça se prononce ?

— Sûrement pas, dit Mr Poe, renfonçant le papier dans sa poche. Si c’est trop compliqué pour un adulte, ça l’est forcément pour un enfant.

— Gnaffi ! lança Prunille.

Comme la plupart des tout-petits, Prunille s’exprimait dans une langue assez difficile à traduire. Par gnaffi, elle entendait sans doute : « Mais Klaus lit des livres très très compliqués, vous savez ! »

Mr Poe fît la sourde oreille.

— Il vous le dira lui-même, comment vous devrez l’appeler. Vous le trouverez dans les bureaux de la scierie Fleurbon-Laubaine. C’est à moins de cinq minutes de la gare, à ce qu’on m’a dit.

— Vous ne venez pas avec nous ? s’alarma Violette.

Mr Poe toussa derechef.

— Non, désolé, dit-il en émergeant de son mouchoir. Le train ne fait halte à La Falotte qu’une fois par jour ; si je descendais, je serais contraint de passer la nuit ici, et ce serait deux jours de perdus pour la banque. Non, je vous dépose seulement, et je retourne en ville par ce même train.

Les enfants se turent. Déposés en un lieu inconnu ? Déposés, comme une pizza qu’on livre ?

— Et si le comte Olaf nous retrouve ? dit enfin Klaus d’une petite voix. Il l’a juré, qu’il nous retrouverait.

— J’ai fourni à Mr Beck – euh, Mr Duys –, bref, j’ai fourni à votre tuteur une description détaillée du comte Olaf. Ainsi, même si par extraordinaire le comte mettait les pieds à La Falotte, Mr Sho – euh, Mr Geck –, bref, votre tuteur, alerterait les autorités.

— Mais le comte Olaf se déguise, rappela Violette. C’est sa spécialité, se déguiser. On a souvent du mal à le reconnaître. L’unique indice pour être sûr, absolument sûr que c’est lui, c’est l’œil tatoué sur sa cheville.

— J’ai inclus le tatouage dans ma description, soupira Mr Poe.

— Et ses complices ? reprit Klaus. Presque toujours, il en a un avec lui. Au moins un, pour l’aider dans ses manigances.

— Ses complices, je les ai décrits à Mr… au patron de la scierie. Tous. Sans en oublier. (Mr Poe compta sur ses doigts.) L’homme aux crochets. Le chauve au long nez. Les deux dames poudrées de blanc. Et cette personne très enveloppée dont je ne sais si elle est homme ou femme. Non, croyez-moi, votre nouveau tuteur dispose de toutes les informations utiles. De plus, s’il y avait le moindre problème, n’oubliez pas que vous pouvez toujours me joindre – moi, ou l’un de mes associés – au Comptoir d’escompte Pal-Adsu.

— Kaska, fit Prunille d’un ton sombre.

Ce qui signifiait, en gros : « Rien de tout ça n’est bien rassurant. » Mais sa petite voix fut couverte par le sifflement du train annonçant son entrée en gare.

Et les orphelins se retrouvèrent seuls sur le quai de la gare de La Falotte, tandis que le train reprenait de la vitesse entre les murailles noires de la forêt de Renfermy. Le ronflement de la motrice se fit de plus en plus doux, de plus en plus étouffé à mesure que fuyait le convoi, et bientôt le silence se referma sur le quai désert et les trois enfants plantés là.

— Bien, déclara Violette en empoignant le sac de voyage qui contenait toutes leurs possessions. Il ne reste plus qu’à dénicher cette scierie Fleurbon-Laubaine. Et à faire connaissance avec notre nouveau tuteur.

— Ou à découvrir son nom, en tout cas, marmonna Klaus d’un ton sombre en prenant Prunille par la main.

Lorsqu’on arrive dans un lieu inconnu, le plus sûr est en général de consulter un guide touristique. On y trouve la liste des curiosités, celle des endroits où aller, et toutes sortes de choses à faire, intéressantes ou agréables. Cela dit, vous pouvez chercher ; jamais vous ne trouverez La Falotte dans un guide. Et les enfants Baudelaire, en cheminant le long de la rue, eurent tôt fait de comprendre pourquoi.

Il y avait bien deux ou trois boutiques de chaque côté de la chaussée, mais pas une n’avait de vitrine. Il y avait bien un bureau de poste, mais au lieu de l’habituel drapeau flottant au vent, une vieille chaussure décousue bâillait en haut du mât. Juste en face du bureau de poste se dressait une palissade de bois qui courait sur des centaines de mètres, jusqu’au fin fond de l’unique rue. Au milieu de cette palissade, sur un grand portail du même bois, une inscription en lettres grossières annonçait :

 

Établissements

Fleurbon-Laubaine.

 

Le long du trottoir, au lieu d’arbres, s’alignaient des cartons défoncés et des piles de vieux journaux.

Pour abréger la description, la bourgade se résumait à une longue rue renfrognée. Et si d’aventure La Falotte avait figuré dans un guide, la rubrique Suggestions aurait tenu en un mot : « Fuyez. »

Mais les trois enfants ne pouvaient pas fuir, et avec un gros soupir Violette entraîna ses cadets vers le portail. Elle cherchait où sonner lorsque Klaus lui effleura le bras.

— Tu as vu ?

— J’ai vu, répondit Violette.

Elle pensait qu’il voulait parler de l’inscription au-dessus de leurs têtes, établissements Fleurbon-Laubaine. À présent qu’ils avaient le nez dessus, les enfants voyaient pourquoi les lettres avaient cet aspect hideux : elles étaient constituées de centaines de vieux chewing-gums mâchouillés, collés à même le bois de manière à former le lettrage. Hormis peut-être une inscription que j’ai vue un jour, je ne sais plus où, entièrement faite en queues de singes et qui signalait « Danger ! », l’enseigne de la maison Fleurbon-Laubaine était sans doute la moins ragoûtante au monde, et Violette pensait que c’était elle que son frère lui désignait. Mais lorsqu’elle se tourna vers lui, elle vit qu’il regardait ailleurs, en direction du bas de la rue.

— Tu as vu ? répéta Klaus, mais cette fois Violette avait vu.

Et tous deux se turent, les yeux sur la dernière bâtisse de l’unique rue de La Falotte. Alertée par leur silence, Prunille, qui examinait les marques de dents sur les chewing-gums, suivit leur regard à son tour. Durant de longues secondes, tous trois zyeutèrent en silence.

— C’est sûrement une coïncidence, dit enfin Violette.

— Forcément, assura Klaus d’un filet de voix. Pure coïncidence.

— Varni, approuva Prunille.

Mais elle n’en croyait rien. Aucun d’eux n’en croyait rien. Une coïncidence, vraiment, cette étrange maison au bas de la rue ?

Comme toutes les bâtisses de l’endroit, elle était en bois et chiche d’ouvertures, mais là s’arrêtait la ressemblance. Que dire en effet de cette porte ronde, au milieu du pignon, en haut d’un escalier raide ? Mais plus que la porte insolite, c’est la silhouette de la bâtisse qui médusait les enfants, avec son pignon ovale. On aurait vaguement dit une feuille d’arbre, ou peut-être un pétale de fleur, ou plutôt… plutôt…

Oui, plutôt.

Et la façon dont elle était peinte accentuait l’impression : du marron sur le pourtour, du blanc à l’intérieur du marron, un cercle vert au milieu du blanc, et la porte en noir au centre, toute ronde, en haut de l’escalier de bois. Non, le doute n’était pas permis : la bâtisse était conçue de manière à évoquer… un œil.

Les enfants s’entre-regardèrent, puis contemplèrent à nouveau la maison au bas de la rue. Une maison en forme d’œil, dans la bourgade où ils venaient vivre ? Une maison en tout point semblable au tatouage du comte Olaf ?

Coïncidence ? Difficile à croire.

 

Cauchemar à la scierie
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